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de familiarité ensemble, qu’il ne croyoit pas que je voulusse faire cela sans en avoir commandement, ce que je ne luy voulus confesser.

Ainsi nous nous acheminasmes dès le lendemain matin de Melun pour aller coucher à Paris, et, le jour ensuivant, allasmes coucher à Poissy, où je reçus commandement de demeurer quelques jours avec l'ambassadeur, d’autant que la Reyne mère estoit tombée[1] d’un fort traquenart qu’elle montoit, si rudement, que l’on pensoit qu’elle en deust mourir, comme elle en fut à l’extrémité ; et lors l’on ne pensa qu’à chercher tous les remedes pour sa guerison, laquelle ayant recouverte, elle m’envoya querir, et, en la présence du Roy, des princes du sang, du Connestable, et quelques-uns du conseil, m’ayant enquis des particularitez et discours que j’avois eus avec Smyth, pour la paix ou pour la trefve, dont je luy fis récit, elle pria le Roy de luy laisser faire la paix avec la reyne d’Angleterre, puis qu’elle estoit venue à bout de son entreprise du Havre de Grace, et en avoit chassé les Anglois. Et sur cela je fus commandé de retourner trouver Smyth, et l’amener à Meulan, et regarder s’il y auroit moyen de commencer à mettre quelque chose par escrit. Ce que luv ayant proposé, il me fit response que, puis qu’il estoit question d’une chose de telle im-

  1. La reyne mère étoit tombée. Cet accident arriva peu de jours après la déclaration de la majorité de Charles IX au parlement de Rouen. Catherine étoit partie de Gaillon pour aller à Vernon : elle fit d’abord peu d’attention à cette chute, mais les suites en turent inquiétantes. « Le temps, écrivoit Charles IX, luy a faict cognoistre et sentir que le coup étoit plus grand et plus fascheux, car il a fallu la saigner et inciser la teste, dont elle a porté grande douleur, et moy mu extresme desplaisir, comme vous pouvez penser. »