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recevoir Trokmarton en quelque façon que ce fust ; mais plustost le faire arrester prisonnier, comme celuy lequel, ayant esté cause de la guerre avec la Reyne sa maistresse, et de rompre le traité de Cambresis fait avec elle, se seroit encore hazardé de passer en France sans passeport ni sauf-conduit du Roy ; surquoy Sa Majesté ne le pouvoit recevoir autrement que pour un prisonnier. Ce qu’elle me commanda de luy dire, et davantage qu’estant hay en l’armée du Roy, comme il estoit, tant des catholiques que des huguenots, et de tous les peuples de France, il seroit en danger de sa personne s’il n’estoit en lieu de seureté. Luy ayant fait cette harangue, comme il estoit homme fort colere et passionné en toutes ses actions, il se voulut élever, se prévalant de sa maistresse, et se deffendre par plusieurs raisons. Mais, pour couper chemin à tous ses discours, je renvoyay au chasteau de Sainct-Germain en Laye, avec garde, comme j’en avois eu commandement.

Cela fait, je fis entendre à Smyth, ambassadeur ordinaire, que pour lors il n’avoit que faire au Roy, et seroit en mesme hazard que Trokmarton des peuples et soldats de France, qui avoient tant reçu d’incommodité des Angiois. Par ainsi, et voyant que Foix, ambassadeur du Roy en Angleterre, estoit comme prisonnier, il seroit meilleur que je luy baillasse quelques gens de cheval pour sa garde, comme j’avois fait à Trokmarton, qui estoit à Sainct-Germain en Laye, et que je l'envoyerois au chasteau de Melun, où il seroit en seurete.

Surquoy il monstra moins de passion que Trokmarton, disant qu’il falloit qu’il portast la penitence des fautes que l’autre avoit faites. Et, soit qu’ils ne fussent