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signez du comte de Warwik. Le lendemain, Leurs Majestez s’approchèrent plus près du Havre, où le Connestable les alla rencontrer sur le chemin, qui en fut fort caressé, avec infinis remerciemens de ce bon service qui fut fait à temps ; car la reyne d’Angleterre avoit fait embarquer deux mille Anglois en plusieurs bons navires de guerre, pensant les envoyer pour secourir le Havre, lesquels vinrent aborder à la rade deux ou trois jours après la capitulation ; mais ils trouvèrent desjà grand nombre des Anglois qui estoient sortis de la ville, ladite capitulation se devant effectuer le lendemain. Le comte de Clinton, admiral d’Angleterre, parut avec toute l’armée de sa reyne, qui estoit d’environ soixante voiles, et fit grande contenance de vouloir descendre en terre : soudain il fut pourvu à mettre bonnes gardes, tant de gens de pied que de cheval, pour s’opposer à son dessein. Quoy vovant, l’admiral cognut bien que sa maistresse et luy avoient esté trop tardifs en leurs affaires, de sorte que, ne pouvant faire autre chose, ce fut à luy de se conformer à ce qui avoit esté traité auparavant qu’il arrivast.

La Reyne mere luy envoya un gentilhomme de la chambre du Roy, appelle Lignerolles, pour sçavoir de luy s’il vouloit descendre en terre, où il trouveroit Leurs Majestez prestes à luy faire bonne reception et faveur, et donner toute la seureté qu’il pourroit désirer pour ce regard. A quoy l’Admiral, que j’ay tousjours cogneu sage et modeste en toutes ses actions, pour avoir traité plusieurs grandes affaires avec luy, respondit que s’il voyoit occasion propre d’aller baiser les mains de Leurs Majestez, il ne voudroit meilleure asseurance