Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

estonnement aux Anglois, et qu’ils eussent fait si bon marché de leurs palissade et tranchées.

Sur le soir sortit une petite barque du Havre, en laquelle y avoit douze ou quinze personnes, pour aller trouver l’armée et secours d’Angleterre, avec une galere qui estoit à la rade, pensant donner secours à la ville : mais ils en furent empeschez à grands coups de canon, et plusieurs pieces pointées pour cet effet ; de sorte qu’ils n’osèrent approcher jusques à la portée de l’artillerie. Ce que voyant les Anglois, et que les François les approchoient de si près de tous costez, ils jugerent bien qu’en peu de tems le secours de la mer ne leur serviroit de gueres.

Ils voulurent loger des pièces tout au bout de la jettée, mais d’Estrée, grand-maistre de l’artillerie, fit grande diligence de loger canons et coulevrines, afin de faire une batterie pour donner incontinent l’assaut ; et vouloit en cela prévenir et devancer Caillac, qui avoit commandé à l’artillerie avant qu’arrivast d’Estrée, d’autant qu’ils n’estoient pas bien ensemble : toutesfois le Connestable les mit d’accord ; de sorte que chacun d’eux s’efforça de faire son devoir, et firent continuer la tranchée jusques au bout de la jettée des assiégez.

Les mareschaux de Brissac et de Bourdillon firent aussi toute la diligence qui leur fut possible d’avancer les ouvrages, et ce qui estoit requis pour donner l’assaut, et y demeurerent la pluspart du jour.