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pour la grande espérance qu’il avoit, après la mort du duc de Guise, d’avancer mieux ses affaires qu’il n’avoit fait auparavant, et, pour le moins, si le prince de Condé eust un peu attendu, d’avoir entièrement l’edict de janvier. Mais voyant que c’estoit fait, il partit de Caen le quatorziesme de mars avec sa cavalerie, et s’achemina par Lizieux, où l’on luy ferma les portes : de là il voulut aller à Bernay, où l’on luy vouloit faire le mesme ; mais à la fin il y entra, et, continuant son chemin, il passa à Falaize, et de là à Mortagne, où les habitans refusèrent à ses mareschaux des logis et fourriers d’y faire les logis, et se voulurent mettre en deffence ; mais nonobstant ils furent pillez et saccagez, et plusieurs prestres tuez. L’Admiral, estant arrivé à Orléans le vingt-troisiesme de mars avec son armée, trouva l’edict de la paix résolu, signé et scellé il y avoit cinq ou six jours ; dequoy il monstra d’estre marry, remonstrant plusieurs raisons au prince de Condé, comme il s’estoit par trop hasté, attendu qu’ils n’avoient eu, et ne pourroient jamais avoir plus grand moyen d’avancer leur party et religion, vu que les trois chefs de l’armée des catholiques estoient morts, et le Connestable prisonnier. Il fit plusieurs discours sur ce fait, et que l’on pourroit donner beaucoup de mescontentement à ceux qui n’avoient esté appellez à dire leur advis sur une paix de telle importance. Mais le prince de Condé luy respondit à tout ce qu’il pouvoit alléguer, et qu’il s’asseuroit de beaucoup de bonnes esperances que l’on luy avoit données, et de n’estre moins auprès du Eoy et de la Reyne, sa mère, que le feu roy de Navarre, son frère, et qu’il pourroit alors obtenir quelque chose de mieux. De sorte qu’ayant contenté l’Admiral, il le mena