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plus cher au monde ? Voire que gens dignes de foy disent qu’il s’estoit vanté de ne pardonner à nul sexe de ce qui se trouveroit audit Orléans. Il ne faut aussi douter que l’homme de toute l’armée que je cherchay le plus le jour de la bataille dernière, ne fust cestuy-là : aussy peu faut-il douter que si j’eusse pu braquer un canon contre luy pour le tuer, que je ne l’eusse fait, que je n’eusse semblablement commandé à dix mille harquebusiers, si je les avois eus à mon commandement, de luy tirer entre tous les autres, fust-ce en campagne, au-dessus d’une muraille ou derrière une haye. Bref, je n’eusse épargné un seul moyen de ceux que le droit des armes permet, en temps d’hostilité, pour me défaire d’un si grand ennemy que cestuy-là me l’estoit, et à tant d’autres bons sujets du Roy : et, pour conclusion, je proteste, devant Dieu et devant ]es anges, que je n’en ay ni faict ni commandé rien davantage que ce que j’en ay mis par escript. »

Après la paix d’Amboise, au mois de septembre 1563, Anne d’Est, veuve du duc de Guise, la maison de Lorraine et ses partisans pressèrent le parlement de Paris de faire des informations contre Coligny : mais le prince de Condé et les protestans obtinrent de Catherine de Médicis que la cause fût évoquée au conseil du Roi, et que le parlement eût défense d’en connoître. Alors Anne d’Est s’adressa directement à Charles IX, et lui présenta une requête où elle établit qu’une évocation générale ne pouvoit, ni ne devoit comprendre un crime de lèse-majesté, et le meurtre d’un pair de France, lieutenant général du royaume. « Rien, ajoutât-elle, ne seroit plus inique que de bailler à un accusé d’un tel crime, juges par luy demandés et poursuivis. »