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comte de La Rochefoucauld et par Théodore de Bèze.

L’Amiral avance d’abord qu’il n’a vu Poltrot, pour la première fois, qu’un mois avant l’assassinat ; qu’il lui fut alors présenté par Feuquières comme un homme d’exécution, et que, dans le court entretien qu’il eut avec lui, il ne fut nullement question du duc de Guise. Il convient qu’il l’a revu depuis dans différens lieux, et qu’il lui a donné une fois vingt écus, une seconde fois cent, pour l’employer, dit-il, à sçavoir des nouvelles du camp des ennemis, sans luy tenir autre langage ni propos, et sans luy faire mention de tuer ou ne pas tuer le seigneur de Guise. Il prend à témoin la duchesse qu’autrefois il a fait souvent avertir son mari des dangers qui le menaçoient ; mais il ajoute qu’il a dû changer de conduite, après avoir appris que le duc avoit conçu le projet de faire assassiner le prince de Condé et tous les seigneurs de la maison de Châtillon. « Depuis ce temps-là, continue-t-il, quand j’ay ouy dire à quelqu’un que, s’il pouvoit, il tueroit le sieur de Guise jusques en son camp, je ne l’en ay point détourné ; mais, sur ma vie et mon honneur, il ne se trouvera jamais que j’aye recherché, induit ni sollicité quelqu’un à ce faire, ni de paroles, ni d’argent, ni par promesses, par moy ni par autrui, directement ni indirectement. »

Coligny finit par avouer que, à sa dernière entrevue avec Poltrot, celui-ci lui dit qu’il seroit aisé de tuer le duc de Guise : « Je n’insistai jamais sur ce propos, se hâte-t-il d’ajouter, je l’estimois pour chose du tout frivole, et je n’ouvris jamais la bouche pour l’exciter à l’entreprendre. « 

n termine cette première apologie par demander