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convulsions. Ce fut un acte le plus meschant que ce Poltrot eust pu commettre, car le soldat mérite la mort, qui seulement aura voulu toucher le baston duquel son capitaine l’auroit voulu chastier. Et ceux qui sçavoient quelque chose de cette entreprise, eussent eu plus d’honneur de l’en détourner que de le conforter en sa mauvaise volonté ; comme fit le consul Fabritius, auquel s’adressant un jour le médecin de Pyrrhus, luy offrit de l’empoisonner s’il luy vouloit donner une somme d’argent ; mais au contraire, Fabritius, voyant la perfidie d’un tel homme, le fit prendre, et l’envoya, pieds et mains liez, à son maistre, lequel avoit gagné trois grandes batailles sur les Romains. Et combien que quelques-uns ayent pensé que ce Poltrot eust beaucoup fait pour les huguenots, si est-ce que cet acte a esté cause d’autres grands maux qui s’en sont depuis ensuivis, lesquels l’Admiral a sentis pour sa part, comme

    épouse, lui faisoit dire : « Je ne veux pas nier que les fragilités de la jeunesse ne m’aient quelquefois conduit à choses dont vous avez pu estre offensée. Je vous prie me vouloir excuser et me le pardonner, comme je vous pardonne ! Combien que mes offenses soient beaucoup plus grandes que les nostres, je ne me tiens pas des plus grands pécheurs en cet endroit, ni aussy des moindres. » Dans tout autre temps, ce passage n’auroit fait soupçonner dans la duchesse de Guise que quelque légèreté de conduite ; alors on prétendit y trouver la preuve des fautes les plus graves. L’évêque de Riez se hâta de publier une nouvelle édition de sa relation : le passage qui avoit donné lieu à de malignes interprétations y étoit ainsi changé. « Je ne veux pas nier que les fragilités de la jeunesse ne m’aient quelquefois conduit à choses dont vous avez pu estre offensée : je vous prie m’en vouloir excuser et me les pardonner : si veux-je bien dire que je ne suis pas en cet endroit des plus grands pécheurs, ni des moindres. » Cette précaution tardive n’effaça pas l’impression qu’avoit produite la première édition de la relation, car la méchanceté en conserva soigneusement des exemplaires.