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faire leurs estapes, et le chemin qu’il faut tenir, envoyer quérir et faire ferrer les chevaux de l’artillerie, bailler quelque argent aux soldats, dont la pluspart ont besoin, et qui sont sans souliers ; et, pendant ce temps-là, l’Admiral, estant adverty, s’acheminera pour se trouver en l’une des trois plaines susdites, èsquelles, s’il ne veut tenter la fortune de combattre, il passera, avec toute sa cavalerie, à cent ou deux cens pas de l’armée du Roy, la laissera aller en Normandie, retournera à Orléans, passera auprès de Paris, donnera aux habitans un estonnement, en danger de brûler les faux-bourgs, espouvantera tous ces quartiers, rançonnera chacun à discrétion, peut-estre ira droit à Blois, prendra la ville, ou du moins en fera desloger le Roy, et par conséquent se fera maistre de la campagne tout le long de la rivière de Loire, et y asseurera Orléans et les places qu’il y a et au pays de Berry, et, en somme, fera la pluspart de ce qu’il luy plaira sans aucun empeschement. Alors l’on dira : Où est l’armée du Roy ? où va le duc de Guise ? pourquoy a-t-il laissé l’entreprise d’une ville qu’il pouvoit prendre en dix jours, abandonne le Portereau et ce qu’il avoit pris sur les ennemis, pour entreprendre de passer l'armée du Roy en Normandie, laquelle à moitié chemin il faudra faire retourner bien harassée, sans avoir rien fait qui soit à propos ? Parquoy, je prie un-chacun de ne prendre en mauvaise part mon opinion, du tout contraire à celle de M. de Brissac, et faut, à mon advis, prendre Orléans avant que partir de-là, et asseurer toute la rivière de Loire et le Berry. »

Lors, comme tous les seigneurs et capitaines qui estoient en ce lieu avoient esté d’opinion contraire, à