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et commissaires de l’artillerie, prend ses armes et fait mettre à la teste de son infanterie quatre coulevrines traisnées seulement par les pionniers ; puis donna droit au faux-bourg du Portereau, qui n’estoit fortifié que de quelques gabions, fascines et tonneaux, où il fit tirer une volée desdites coulevrines, et, au mesme temps donner quelques enseignes, lesquelles au mesme instant faussent les portes, renversent tous les gabions et tonneaux, et entrent dedans le faux-bourg, où il y avoit quelques lansquenets et François, qui avoient promis à d’Andelot de garder et deffendre ledit Portereau ; mais les uns se retirèrent fuyans et jettans les armes par terre pour entrer en la ville : les autres qui n’alloient sitost y furent tuez et taillez en pièces, autres pris prisonniers, laissans tout ce qu’ils avoient en leurs logis, qui fut tout pris et gagné par les gens de pied du duc de Guise, lequel fit assez grande diligence, et d’entrer pesle-mesle pour gagner la porte de la ville, et entrer dedans avec les fuyards, qui aidèrent à fermer la porte à leurs compagnons et leurs ennemis tout ensemble, et tiroient fort et ferme du portail et de plusieurs endroits de la ville sur les nostres, qui avoient gagnez le fauxbourg.

Lors le duc de Guise me dit qu’il avoit ouy dire autrefois que l’on prenoit des villes, et y entroit-on pesle-mesle quand il y avoit un espouvantement tel que celuilà, et qu’il n’en avoit jamais veu un plus grand, ayant toutesfois bien fermé leur porte, sans nous epargner la poudre. Aussi tiroient-ils force arquebusades, et quelques pieces qui faisoient beaucoup de dommage aux nostres, et où ledit duc mesme n’estoit pas hors de danger ; qui fut cause de le faire descendre de cheval et