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estoit à Blois, avec les instructions et mémoires de tout l’estat présent de la Normandie et de la nécessité où elle estoit reduite, en danger d’estre bientost plus mal, s’il n’y estoit promptement pourvu, et qu’au lieu de six mille Anglois qu’il y avoit, il y en auroit bientost douze mille et plus ; disant qu’il avoit toujours ouy dire et recognu que cette nation ne demandoit qu’à prendre pied en France du costé des lieux maritimes. Davantage, que l’Admiral, ayant de l’argent d’Angleterre, n’auroit pas faute de gens, mesme d’un renfort de reistres, comme il traitoit avec quelques princes d’Allemagne. Par ainsi qu’il jugeoit (ce qu’à Dieu ne piust) que, s’il n’estoit bientost pourvu à la Normandie, les Anglois et l’Admiral y auroient la meilleure part, et seroit fort mal-aisé de les en desloger ; et que, pour cette occasion, il ne voyoit autre remède plus prompt, ny forces qui fussent bastantes de deux mois de donner aucun secours à cette province, si ce n’estoit de l’armée que commandoit le duc de Guise : estans d’advis qu’il laissast la ville et le siège d’Orléans et les entreprises au milieu de la France, où il se trouveroit tousjours assez de remèdes pour ruiner les huguenots, afin d’aller chasser les Anglois, principaux ennemis du royaume, et l’Admiral de Normandie : lequel estant défait avec ce qui luy restoit de reistres, et le prince de Condé prisonnier, les huguenots estoient perdus pour jamais, et demeureroient sans chef, et les Anglois avec la honte et le repentir d’avoir mis le pied en France. Et fit avec cette résolution plusieurs beaux discours trop longs à réciter, selon son expérience au fait des armes.