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prince de Condé, auquel il attribua toutes les louanges qui se peuvent donner à un chef d’armée qui ne vouloit rien commander dont luy mesme ne prist courageusement le hasard, et comme, après plusieurs recharges, l’un et l’autre furent à la fin pris prisonniers, et plusieurs braves seigneurs, capitaines et gentils-hommes, tuez ou blessez. Il loua aussi fort amplement les Suisses ; puis il fit une digression sur le malheur qui estoit advenu au mareschal de Sainct-André, chef et conducteur de l’avant-garde, qui, après avoir esté pris, fut tué par la mauvaise volonté que luy portoit un gentilhomme.

Il n’oublia pas l’Admiral, qui avoit esté contrainct de quitter la partie ; et loua fort le duc d’Aumale, son frère, qui y avoit esté porté par terre, et eu une espaule rompue, et le grand prieur, son autre frère, pour avoir usé de grande diligence et esté deux ou trois jours à cheval devant la bataille, tousjours à la teste ou aux flancs, ou à la queue des ennemis, où il s’estoit porté aussi vaillamment qu’on eust sceu désirer. Il fit semblablement un bon récit de d’Anville et de Martigues ; mais il parla légèrement des lanskenets, comme ayans peu fait, tant d’une part que d’autre, et fort sobrement de luy, comme n’estant qu’un simple capitaine et particulier en l’armée, avec sa compagnie et quelques gentils-hommes de ses amis, qui luy avoient fait cet honneur de le suivre et accompagner ce jour-là, où, après la prise dudit Connestable et la mort du mareschal de Sainct-André, le reste de l’armée luy avoit fait cet honneur de le prier de la commander. Et s’estant joinct avec eux, et ayant pris leur conseil, ils avoient tant fait avec la volonté de Dieu, que la vic-