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sez de nostre costé, il fallut faire part de cette rejouissance à Paris, où il fut commandé de faire feux de joie et processions pour rendre grâces à Dieu. Le semblable fut fait es bonnes villes de France, èsquelles on despescha force courriers pour leur faire entendre cette nouvelle.

Cependant le Connestable fut mené en si grande diligence, blessé et vieil comme il estoit, qu’il porta presque le premier ces nouvelles à Orléans, où l’on lui bailla pour hostesse la princesse de Condé sa nièce ; laquelle, d’autre costé, avoit besoin de consolation pour la prise du prince son mary, lequel demeura hoste du duc de Guise son cousin, qui le traita fort bien ; et couchèrent ensemble[1] le jour de la bataille près de Dreux, où ledit duc avoit son logis, et devisèrent de tout ce qui s’estoit passé.

Il y eut au matin quelques advertissemens apportez au duc de Guise, que l’Admiral voulust persuader aux reistres de retourner le lendemain au combat, leur disant qu’ils trouveroient le reste de nostre armée en desordre, avec si peu de cavalerie, que la victoire leur seroit asseurée ; mais les reistres n’approuverent pas ce conseil, pour les excuses qu’ils alléguèrent de n’avoir plus de poudre, et qu’ils avoient plusieurs chevaux blessez, déferrez et mal repeus, et autres raisons que l’Admiral fut contrainct de recevoir. De sorte que le lendemain, au lieu de retourner combattre, ils prirent le chemin de Gallardon, laissant quelques pièces de leur artillerie par le chemin.

  1. Et couchèrent ensemble. Pierre Mathieu dit que le prince de Condé coucha seul dans le lit du duc de Guise, et que celui-ci passa la nuit dans la même chambre sur une paillasse.