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des deux costez avant que de venir aux grands combats. Les deux chefs y furent prisonniers, et l’on s’y rallia fort souvent. Aussi y eut-il un grand meurtre de part et d’autre ; le duc de Nevers y fut blessé, toutesfois par un des siens ; d’Annebaut blessé, qui mourut depuis ; La Brosse et son fils aussi ; Givry y fut tué, et Beauvois, son frère, y fut blessé. Pour les morts, l’on disoit, et ay vu rapporter au duc de Guise, qu’il y en avoit huit ou neuf mille sur la place ; mais d’autres disent qu’il n’y en avoit pas six ; tant y a que la bataille fut fort sanglante : de laquelle les nouvelles furent portées en grande diligence de tous costez par ceux qui n’attendoient pas à en voir la fin, tant d’une part que d’autre.

L’on avoit rapporté au Roy et à la Reyne sa mère, et dit par toute la Cour, que la bataille estoit perdue et le Connestable prisonnier et blessé, de sorte qu’il y en avoit de bien estonnez à la Cour, où se faisoient diverses délibérations et discours. Mais telle nouvelle fut bientost tournée en joye par l’arrivée de Losse, qui fit le discours à Leurs Majestez de tout ce qui s’estoit passé en la bataille, en laquelle il ne faut pas celer que Biron[1], alors premier mareschal de camp, depuis grand maistre de l’artillerie, aujourd’huy mareschal de France, n’aye remporté beaucoup d’honneur, comme il a fait en toutes les batailles qui se sont données es guerres civiles. Losse ayant esté ouy avec grande allégresse à la Cour, meslée toutesfois de douleur pour la prise du Connestable et mort du mareschal de Sainct-André et des autres seigneurs et gentils-hommes morts ou bles-

  1. Biron. Armaud de Biron, qui fut par la suite l’un des serviteurs les plus dévoués de Henri IV.