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mirent en bataille à la portée du canon. Le prince de Condé fit délibération de charger le premier, estimant que ce luy seroit avantage ; mais il jugea aussi qu’il luy falloit endurer un grand eschec de nostre artillerie, et que la campagne estoit large, de sorte que, venant le premier combat, il couroit le danger d’estre rencontré par le flanc : et toutesfois il fit quelque semblant de tourner la teste vers Trion ; ce que voyant le Connestable, et que quelques troupes paroissoient, mesmement les reistres du prince, il leur fit tirer quelque volée de canon ; ce qui les esbranla de telle sorte, que les reistres se voulurent couvrir, et prendre le chemin du valon.

Cela fit juger à quelques-uns de nostre armée, qui le rapportèrent au Connestable, que le prince vouloit chercher le moyen d’éviter la bataille, voyant l’armée du Roy composée de cinq gros bataillons de gens de pied entremeslez de cavalerie, d’autant qu’elle estoit plus foible, à l’occasion des reistres, que celle du prince. L’avant-garde, conduite par le mareschal de Sainct-André, estoit de dix-sept compagnies de gens d’armes, vingt enseignes de pied françoises, et quatorze compagnies espagnoles, dix enseignes de lanskenets et quatorze pièces d’artillerie. Le Connestable, chef de l’armée, menoit la bataille, où il y avoit dix-huit compagnies de gens d’armes, avec les chevaux légers, vingt-deux enseignes de Suisses, et seize compagnies de gens de pied françois et bretons, avec huit pièces d’artillerie.

Le duc de Guise ce jour là, pour plusieurs considerations, ne se disoit avoir charge que de sa compagnie, et de quelques-uns de ses amis et serviteurs, aussi que les huguenots disoient que c’estoit sa que-