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sant que la bataille ne se pouvoit éviter : à quoy il se prépara plustost que ledit Admirai, qui estoit fort entier en ses opinions, comme je l’ay cognu souvent es affaires que j’ay depuis eues à traiter avec luy, tant pour la paix que pour licencier par deux fois ses armées, dont j’ay eu la charge, comme je diray en son lieu.

Donc, pour revenir au point de donner la bataille, l’armée du Boy, qui avoit tousjours costoyé celle des huguenots, passa l’eau le dix-huictiesme décembre, et se logea avec tout l’avantage qu’elle put, dont les huguenots furent assez mal advertis ; et y en a quelques-uns qui disent que le prince de Condé ny l’Admiral ne firent pas ce qu’ils devoient faire, soit pour donner, soit pour éviter la bataille. Aussi nostre armée perdit-elle de son avantage de combattre au bout de la campagne de Beauce et en la plaine de Dreux ; attendu que la pluspart de nos forces consistoient en gens de pied, et celle des huguenots en plus grand nombre de cavalerie, et avoit un fort grand bagage, et leurs reistres trop de chariots. De sorte que, passant au bourg de Trion, comme il sembloit que ce fust leur intention, ils eussent esté fort incommodez, à l’occasion des chemins bas et plus estroits, et plus avant tant d’arbres qui estoient de ce costé.

Or le jour du combat estant venu, le prince de Condé monta à cheval de grand matin, et premier que l’Admirai qui menoit l’avant garde : mais ils ne firent pas grand chemin, qu’ils n’eussent advertissement que l’armée du Koy avoit passé l’eau de leur costé, et la voyant en bataille, et qu’elle ne bougeoit, ains les attendoit pour voir leur contenance, ils firent alte, et se