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y alla, disant qu’il assiègeroit les assiègeans, ausquels il donna beaucoup de peine. Mais incontinent il fut rappelle à Lyon par les habitans de la ville, qui craignoient d’estre assiégez.

Après qu’il fut retiré à Lyon, les catholiques de Provence voulurent aller au siège de Montpellier avec Sommerive et le comte de Suze, lesquels, pensans assiéger la ville de Nismes, y eurent grande perte ; cela fut cause que le siège de Montpellier fut levé. Mais je retourneray au cœur de la France, pour dire qu’entre les rivières de Seine et de Loire, les huguenots avoient perdu et perdoient beaucoup de villes, semblablement en Bourgogne, Picardie, Bretagne et Normandie ; qui fut cause que plusieurs gentils-hommes et soldats huguenots se retirèrent au camp du Roy, où ils furent bien recueillis et obtinrent lettres de pardon d’avoir porté les armes contre Sa Majesté, avec entière restitution en leurs biens, honneurs et offices. Quelques-uns aussi qui tenoient le party catholique, s’en allèrent vers les huguenots, lesquels avoient de grandes intelligences en l’armée du Roy, et ne se faisoit rien à la Cour dont ils ne fussent advertis ; et de ces gens-là il s’en faut plus donner de garde que des ennemis déclarez. Aussi sont-ils peu estimez, et ne peuvent éviter le nom de traistres et espions, qui n’ont ordinairement le cœur de se déclarer fidelles pour un party ny pour l’autre. Le Roy envoya derechef lettres patentes pour estre procedé contre ceux qui avoient pris les armes et ses villes, comme rebelles à Sa Majesté. Et y eut lors de grandes deliberations de reprendre lesdites villes que tenoient les huguenots, qui ne les pouvoient deffendre et tenir la campagne sans secours estranger ; car