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toient sous le comte de Rokendolf, qui avoit auparavant esté au ban impérial, pour leur faire dire que, s’ils ne se retiroient, ils y seroient aussi mis. Cela fut cause que quelques-uns se retirèrent vers le prince de Condé, et les autres continuèrent au service du Roy.

En ce temps-la Sommerive assiégea la ville de Cisteron, que Mouvans fut contraint d’abandonner et se retirer la nuit à Grenoble ; et en toute la Provence il ne demeura pas une seule ville aux huguenots, contre lesquels on exerça des cruautés plus grandes qu’en nulle autre province. Aussi cette contrée est la plus méridionale de France, où les esprits sont fort passionnez et vindicatifs.

Le sieur de Joyeuse, à présent mareschal de France » et lors lieutenant generai pour le Roy au gouvernement de Languedoc, reprit Pezenas vers le mois d’aoust. Et, peu après la prise de Montbrison, Negrepelisse mit aussi le siège devant Montauban, qui ne put estre pris : sur cela on assembla les forces de Provence et de Languedoc, pour assiéger Montpellier tenu par les huguenots, où fut envoyé ledit sieur de Joyeuse pour commander à l’armée ; mais il ne fut pas pour lors jusques audit Montpellier, estant adverty que d’Acier, frère puisné du baron de Cursol, à présent duc d’Uzès, bon catholique et grand serviteur du Roy, avoit de grandes forces, et suffisantes pour défendre la ville, voire mesme pour tenir la campagne, et aussi que les habitans dudit Montpellier offroient de garder leur ville, où les huguenots ruinèrent les fauxbourgs et toutes les églises d’icelle. Alors Joyeuse reprit la forteresse de Maguelone par composition, et alla mettre le siège devant Montpellier. Ce qu’ayant entendu, le baron des Adrets