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armes contre son père, gouverneur de Provence, qui favorisoit et tenoit le party des huguenots ; lesquels s’assemblèrent sous la conduite de Mouvans, et prirent la ville de Cisteron, ayans auparavant pris celle d’Orange ; où Sommerive, comme l’on disoit, fut persuadé par le vice-legat d’Avignon, neveu du Pape, de s’acheminer, voyant que ladite ville d’Orange estoit grande et malaisée à garder, et qu’elle seroit plus facile à prendre, comme elle fut, y ayant esté tué grand nombre des huguenots par les catholiques, qui se voulurent venger des injures, pilleries et dommages qu’ils avoient receu d’eux, et en jettèrent quelques-uns par les fenestres, et pendirent les autres par les pieds.

Peu de temps après, le comte de Suze, qui s’estoit joinct avec Sommerive en Provence, reprit Pierre-Latte et Mornas au comté Venaissin : ce qui estonna fort les huguenots de ce pays-là, qui voyoient le traitement fait à la ville d’Orange, laquelle pensoit estre exempte de l’obéissance du Roy et du Pape. Lors le baron des Adrets, qui avoit esté capitaine en Piedmont avec le mareschal de Brissac, sortit de Lyon avec quelques compagnies, vers le commencement de juillet, et alla rechercher le comte de Suze, qui vouloit assiéger Vaureaz, tenu par les huguenots, et eut quelque avantage sur ledit comte, qui se retira avec la pluspart de ses gens. Qui fut cause que le baron des Adrets reprit les villes que le comte de Suze avoit ostées aux

    Tende, son père, parce que, né du premier lit, il étoit jaloux du jeune Cipierre, que le comte avoit eu de sa seconde épouse. Sommerive devint, au mois d’avril, gouverneur de la Provence : il chassa les protestans, et se livra contre eux ù d’horribles cruautés. On dit que, pendant un an que dura la guerre, il fit périr dans les supplices sept cent soixante-dix hommes, quatre cent soixante femmes et vingt-quatre enfans.