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l’escarmouche, qui de part et d’autre s’eschauffa et se fit de telle sorte, qu’il ne s’en est point veu de plus grande de nostre temps. Je vis lors les lanskenets, aussi bien que les François, faire tout ce qui estoit possible, non en une escarmouche, mais en un grand combat, auquel le comte Rhingrave se trouva si empesché, qu’il commanda aussi-tost de faire venir ses reistres, lesquels se meslèrent courageusement parmy les Anglois qui estoient à la porte de la ville, de laquelle l’artillerie incommodoit fort nos gens. Bassompierre[1], lieutenant-colonel des lanskenets dudit comte, entr’autres, y fut blessé et pris prisonnier avec plusieurs François.

Ledit comte s’estant retiré et logé près de la ville, commença de resserrer les Anglois de plus près, qui faisoient neantmoins tous les jours quelques sorties ; comme aussi de nostre costé se faisoient nouvelles entreprises, et en conservant la Normandie des Anglois, elle estoit doublement travaillée par les reistres et lanskenets, qui ruynoient le pays et desesperoient un chacun, tant la noblesse que le tiers estat, dont la plus grande partie estoient contraincts d’abandonner leurs maisons.

  1. Bassompierre. Christophe de Bassompierre. Il fut le père de François de Bassompierre, maréchal de France et colonel général des Suisses, dont nous avons publié les mémoires dans la seconde série.