Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

laquelle, comme l’on deliberoit de le faire porter du long de la rivière, il mourut à Andely, le 17 décembre 1562, et fut fort regrette de la Cour et de toute l’armée, ayant esté l’un des plus vaillans et meilleurs princes de son temps, comme en cette race et maison il ne s’en est point vu d’autres.

Après la mort du roy de Navarre l’on advisa aux autres affaires qui estoient presque en tous les endroits du royaume, et ausquelles il falloit plus promptement remedier : comme d’assiéger le Havre de Grace où estoient les Anglois, pour ne laisser cette nation prendre pied en France, à l’occasion des grandes prétensions qu’ils y ont eues au temps passé. Ainsi il fut conclu d’y envoyer le comte Rhingrave, avec un régiment de trois mille lanskenets, et quatre cornettes de reistres, qui faisoient douze cens chevaux, afin de resserrer les Anglois en la ville, et les autres de cette nation qui estoient à Dieppe et autres endroits de la Normandie, et de leur retrancher les moyens d’avoir des vivres du pays, et autres commoditez qui se trouvent en lieu si fertile.

Et parce que je cognoissois cette place, de laquelle je ne faisois que sortir de prison, je fus mandé pour estre quelque temps avec ledit comte Rhingrave avec six compagnies de gens de pied, chacune de deux cens hommes, et cent chevaux françois, comme ledit comte l’avois requis ; lequel estoit l’un de mes plus grands amis, et avoit infiniment désiré que je demeurasse avec luy, et fit loger mes chevaux avec ses reistres et les gens de pied avec ses lanskenets ; et encore quelques enseignes françoises, qui estoient en Normandie nouvellement levées, furent ordonnées de demeurer avec