Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui y commandoient ; que la victoire de se commander estoit plus grande que celle qu’ils pouvoient remporter sur leurs ennemis ; que ce seroit chose indigne de soldats bien disciplinez de ruiner et saccager la ville de son souverain, contre sa volonté et en sa présence, et qui le trouveroit fort mauvais, et au contraire recognoistroit leur obéissance en cette occasion ; parquoy il prioit d’affection les seigneurs, capitaines et soldats, de ne se débander point, n’entrer en aucunes maisons, ne piller, ne prendre aucune chose sur les habitans, et n’exercer point de cruautez contre les vaincus : davantage il leur fit entendre qu’il estoit adverty que les gens de guerre s’estoient retirez au vieil marché et aux chasteaux, où il faudroit combattre. Et après avoir, autant qu’il put, persuadé un chacun, il les pria de luy faire cette promesse, qui luy fut donnée généralement ; aussi promit-il de faire donner une paye franche ausdits capitaines et soldats.

Ainsi nous entrons dedans la ville avec peu de résistance, les assiégez fuyent, la ville est incontinent pleine de gens de guerre, qui tous se débandent, vont au pillage, rompent et saccagent les maisons, prennent un chacun à rançon : les courtisans y accourent du mont Sainte-Catherine, qui sont les plus aspres à la curée ; chacun lors se loge à discrétion, quelque commandement que le duc de Guise fist à ceux qui avoient authorité, d’entrer es maisons, de tuer et chasser les soldats, et les jeter par les fenestres, pour les garantir de piller et saccager ; ce qui ne fut possible. La nuit estant proche, chacun qui en put avoir en prit, et toute l’armée se logea dedans la ville.

Le comte de Montgommery se sauva dedans une