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le long de la rivière, en plusieurs bons vaisseaux qui luy furent équipez.

Je trouvay aussi les moyens d’escrire au Roy, à la Reyne sa mère, au roy de Navarre, au duc de Guise et au Connestable, de tout ce qui se passoit audit Havre, par l’entremise d’un de mes gardes et un sergent major appelé le capitaine La Rose, lesquels j’avois gagnez, qui m’asseuroient ne désirer rien tant que de pouvoir partir de là avec quelque bon prétexte pour faire service au Roy, et eus beaucoup de grandes deliberations avec eux, pour voir quels moyens il y auroit d’avoir une porte, et faire une entreprise audit Havre de Grace. Comme nous traitions de ces affaires, je reçus lettres de Leurs Majestez, qui me mandèrent que je leur ferois un très-grand service si je pouvois traiter quelque chose avec Beauvois et les gentilshommes qui estoient retirez en cette ville de plusieurs endroits de la Normandie, pour la faire remettre en l’obéissance du Roy, sans la mettre entre les mains des Anglois. Mais ledict Beauvois, avec les principaux qui estoient en la ville, me dirent qu’ils ne pouvoient venir à aucune composition, sans en advertir premièrement le prince de Condé et l’Admiral.

Cependant ils me proposèrent que si je pouvois faire rendre certains prisonniers qu’ils me demandoient, qui estoient entre les mains des ducs de Guise et d’Aumale et du parlement de Rouen, ils me mettroient en liberté et escriroient au Roy et à la Reyne l’occasion qui les avoit meus de se retirer en cette ville-là, laquelle ils conserveroient pour le service de Leurs Majestez et pour le bien du royaume. De quoy ayant trouvé moyen d’advertir Leursdictes Majestez, ils m’escrivirent incon-