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de m’envoyer vers le duc d’Estampes[1], gouverneur de Bretagne, et de Martigues, son neveu, pour leur commander d’amener leurs forces de gens de pied et de cheval, attendu que la Bretagne estoit la province de France moins travaillée des huguenots, et joindre celles qu’y pourroit amasser le sieur de Matignon avec les leurs, ce seroit le moyen de défaire le comte de Montgommery, qui tenoit la basse Normandie en subjection, et se preparoit pour aller à Rouen, et de reprendre les villes que les huguenots y avoient tenues.

Donc incontinent après la composition de Bourges, le Roy me depescha pour aller trouver lesdits duc d’Estampes et de Martigues, avec grande prière et commandement, veu que les affaires n’estoient pas grandes en Bretagne, d’amener leurs forces comme il avoit esté advisé ; ce qu’ils offrirent fort volontiers de faire, et tout ce qui leur seroit commandé pour le service du Roy. Et aussi-tost s’acheminèrent par la basse Normandie, où le grand prieur, qui estoit de la maison de Guise, lequel avoit laissé ses amours pour reprendre les armes, et Matignon qui avoit les forces dudict pays, s’assemblèrent avec eux ; de sorte qu’estans les plus forts, ils hastèrent le comte de Montgommery de s’aller jetter dedans Rouen, parce que les huguenots, lesquels y commandoient à discrétion, craignoient le siège devant cette ville, comme celle qui leur importoit entièrement et qui incommodoit beaucoup la ville de Paris, à l’occasion du grand trafic et commerce qui est entr’elles : comme aussi la pluspart des nations de l’Europe ont de grandes correspondances en ladite ville

  1. Le duc d’Estampes. Jean de Brosse, époux de la fameuse duchesse d’Etampes, maîtresse de François I.