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le Roy maistre en quelque sorte que ce fust : occasion pourquoy Sa Majesté promettoit au prince et à ses partisans toutes les seuretez qu’ils voudroient demander, leur remonstrant aussi qu’ils n’auroient ny les forces, ny les moyens de résister aux catholiques.

Or, après plusieurs disputes et raisons déduites de part et d’autre, sans pouvoir rien conclure pour le bien de la paix, le prince de Condé avec sa compagnie se départit de ses offres, neantmoins il fut sommé par la Reyne mère de se souvenir de ses promesses pour le bien du Roy et du royaume, à laquelle pour response il fit des excuses que l’on luy avoit envoyé des lettres interceptées, écrites par les confederez du cardinal de Lorraine, par lesquelles l’on luy mandoit que la Reyne mère et le roy de Navarre n’avoient autre désir que d’abolir et exterminer la religion des huguenots, et que les forces du Roy estoient assez grandes pour ce faire, davantage qu’ils estoient fort odieux.

L’on apporta en mesme temps un petit mot intercepté audict prince de Condé, que l’on écrivoit au roy de Navarre, par lequel les confederez l’advertissoient que sur-tout il ne fust point parlé de l’edict de janvier, mais que l’on parlast de rendre les villes usurpées par les huguenots, et que s’il vouloit faire un acte digne de luy, il fist retenir le prince de Condé son frère. Soit que la lettre fust véritable ou supposée, cela fit perdre toute espérance d’accord, et dès-lors les huguenots se défièrent grandement de la Reyne, disant qu’elle estoit du tout partiale, et gagnée par la maison de Guyse : par ce moyen le prince de Condé et les associez demandèrent de se retirer en leur camp, comme ils firent. Quoy voyant, l’armée du Roy résolut de ne perdre