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aussi, et vinssent tous deux comme personnes privées à pourchasser la recompense de leurs services. Un autre ancien capitaine romain disoit que la guerre estoit juste à ceux auxquels elle estoit nécessaire ; les huguenots disoient la mesme chose.

Le roy de Navarre et les confederez, que l’on appelloit l’armée du Roy, après toutes ces entrevues et pourparlers, conseillèrent de faire sortir des villes tous les huguenots, et leur faire commandement d’en vuider. D’autre part, les huguenots, qui tenoient beaucoup de villes, prirent toutes les reliques des églises et ce qu’ils purent trouver èsdites villes et es villages où ils estoient les plus forts, et en fient battre de la monnoye au coin du Boy, disans que c’estoit pour le service de Sa Majesté. De là commencèrent toutes sortes de sacrilèges, voleries, assassinats, parricides, paillardises, incestes, avec une licence débordée de mal faire de part et d’autre. Il y eut quelques villes qui rachetèrent leurs reliques des huguenots, lesquels faisoient aussi fondre les cloches pour faire de l’artillerie : aucuns d’eux ne se proposoient pas moins que de marcher droit à Paris, et pressoient fort de donner la bataille ; mais l’Admiral ne vouloit en façon du monde bazarder ce peu de gens qu’il avoit ; qui fut cause qu’il se mit seulement sur la deffensive.