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velle religion, sans toutesfois entier en la matière, ny au mérite de la doctrine. Ce qui fut cause que chacun pensant à la reformation desdicts abus, l’on fit plusieurs belles et louables ordonnances, que l’on appelle les ordonnances des estats d’Orléans, et particulièrement pour retrancher les venditions et trafics des bénéfices, et aussi pour supprimer les offices érigez depuis le règne du roy Louis douziesme.

Mais les Estats, qui ne savoient pas encorde fonds des finances, trouvèrent fort estrange que le Roy fust endebté de quarante et deux millions six cens et tant de mille livres, veu que le roy Henry ii, venant à la couronne, avoit trouvé en l’espargne dix-sept cens mille escus et le quartier de janvier à recevoir, outre le profit qui venoit du rachat des offices. Et si n’estoit deu que bien peu aux cantons des Suisses, que l’on n’avoit pas voulu payer pour continuer l’alliance avec eux. Toutes ces grandes debtes furent faites en moins de douze ans, pendant lesquels on leva plus d’argent sur les sujets, que l’on n’avoit fait de quatre-vingts ans auparavant, outre le domaine qui estoit presque tout vendu. Plusieurs des députez furent d’advis que l’on devoit contraindre ceux qui avoient manié les finances depuis la mort du roy François premier à rendre compte, et repeter les dons excessifs faits aux plus grands. Mais cela fut pour lors rabatu, parce que ceux qui estoient comptables estoient trop puissans, et, par conséquent, c’estoit se remettre en danger de quelque nouveau trouble, si l’on les vouloit rechercher. Mais l’on advisa de faire le meilleur mesnage qu’il seroit possible, en retenant une partie des gages des officiers pour cette année-là.