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conseil leur octroyer temples et lieux asseurez, où l’on peust prescher publiquement, et y administrer les sacremens.

La requeste estant leue estonna un chacun ; toutefois le Roy pria et commanda à l’assemblée de luy donner conseil sans aucune passion, et selon que la necessité du temps et des affaires le requeroit. Alors le chancelier prit la parole, et fit une remonstrance grave et pleine d’eloquence, pour faire entendre la cause de la maladie à laquelle il falloit trouver remede convenable. Lors le duc de Guise dit qu’il estoit prest à rendre compte de sa charge pour l’administration des armes et de la lieutenance generale, et le cardinal de Lorraine dit aussi qu’il estoit prest à rendre compte des finances, desquelles il avoit esté sur-intendant. Et, après quelques autres propos de chacun des assistans, bien empeschez à donner quelque bon remede au mal qui se voyoit à l’œil, l’on remit l’assemblée au vingt-troisiesme dudit mois ; et fut baillé à chacun un petit billet, portant brievement les articles sur lesquels le Roy demandoit conseil au jour assigné.

Le Roy commanda à Montluc, evesque de Valence, dernier conseiller au conseil privé, de parler, et après luy les autres, selon leur ordre, qui est la façon de laquelle l’on use en France, que les derniers et plus jeunes conseillers opinent les premiers, afin que la liberté des advis ne soit diminuée ou retranchée par l’authorité des princes ou premiers conseillers et seigneurs ; et que, par ce moyen, le Roy et ceux qui tiennent le premier lieu au conseil, et qui ne sont pas quelquefois les mieux exercitez aux affaires d’Estat, et instruits de ce qui se passe, en soient mieux advertis par ceux qui ont