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nestable, qui avoit amené quelques six cens chevaux, s’y trouva fort bien accompagné ; ce qui donna à penser à ceux de Guise, qui toutefois ne firent semblant d’avoir soupçon de telle suite, et fut le connestable fort bien reçu et caressé du Roy et de la Reyne sa mere.

Enfin le conseil fut tenu le vingtiesme du mois d’aoust audit Fontainebleau, où, avec Leurs Majestés, assisterent messieurs les freres du Roy, les cardinaux de Bourbon, de Lorraine, le duc de Guise, le connestable, le duc d’Aumale, le chancelier de L’Hospital, les mareschaux de Sainct-André et de Brissac, l’admiral de Chastillon, l’archevesque de Vienne, Morvillier, evesque d’Orleans, qui avoit remis ès mains du Roy la garde des sceaux de France, après les avoir tenus trois ou quatre ans, Montluc, evesque de Valence, du Mortier et Davanson, tous conseillers au privé conseil ; où, devant qu’aucun parlast, l’Admiral commença à dire qu’ayant esté en Normandie par le commandement du Roy, pour là sçavoir et apprendre quelle seroit l’occasion des troubles, il auroit trouvé que le tout procedoit des persecutions que l’on faisoit pour le fait de la religion, et que l’on luy avoit baillé une requeste pour la presenter à Sa Majesté, pour la supplier très-humblement d’y mettre quelque bon ordre, disant que, combien que la requeste ne fust signée, toutefois, s’il estoit requis, il s’en trouveroit en Normandie plus de cinquante mille qui la signeroient. Et fit une grande supplication à Leurs Majestez de prendre en bonne part ce qu’il en disoit, et la charge qu’il avoit prise de ladite requeste, qui estoit brieve, et portoit en substance que, pour eviter les calomnies desquelles l’on chargeoit les protestans, il pleust au Roy et à son