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DES MANUSCRITS ARABES.



EXTRAIT du Manuscrit turc, intitulé : Tevarichi Masr ; c’est-à-dire : Annales de l’Égypte, composées par Sahli, fils de Gélaleddin.


Au commencement de l’année de l’hégire 640 [1242][1], les Français se présentèrent devant Damiette, et s’en rendirent maîtres sans coup férir, la garnison et les habitans ayant lâchement abandonné cette ville.

Salih-Nejm-Eddin régnoit alors en Égypte. À la nouvelle de la prise de Damiette, il s’avança jusqu’à Mansoura et y rassembla son armée. Ce prince trainoit depuis long-temps une vie languissante ; enfin il expira au milieu de ces occupations guerrières. La sultane Chegeret-Eddur son esclave favorite, tint secrette la mort du Sultan, et n’en fit part qu’à quelques grands du royaume ; elle expédia un courrier à Touran-Chah, pour l’instruiie de la mort de son père ; le jeune prince partit sur le champ de Husn-Kéifa, et arriva en quarante-cinq jours en Égypte. Être proclamé sultan, se mettre à la tête de son armée, livrer la bataille et la gagner, fut pour ce nouveau sultan l’affaire d’un jour. Trente mille Français y perdirent la vie.

Le cadi Gazal-Uddin étoit à ce combat ; ce saint personnage s’apercevant que la victoire se déclaroit pour les ennemis, parce que le vent souffloit dans le visage des Musulmans, et élevoit une poussière qui les empêchoit de combattre, adressa la parole au vent, en criant de toute sa force : O vent, dirige ton souffle

  1. 640. Il est certain que cet historien a fait une faute de chronologie ; tous les autres fixent à l’année 647 de l’hégire l’expédition de S. Louis.