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EXTRAITS

toute la garnison et se retira à Mansoura ; il fit publier dans toute l’Égypte, que ceux qui étoient en état de porter les armes se rendissent à son camp : il se vit par ce moyen à la tête d’une armée nombreuse, composée d’Égyptiens et d’Arabes.

Plusieurs mois se passèrent à s’observer mutuellement et à tâcher de se surprendre ; il y avoit tous les jours des escarmouches entre les différens corps des deux armées. Cependant la maladie du Sultan empiroit, et les médecins désespéroient de sa guérison : il expira dans le mois de Chaban, l’année 647 [1249], après avoir régné neuf ans sept mois et vingt jours ; prince qui par ses grandes qualités, eut effacé tous ses prédécesseurs, si elles n’avoient été ternies par ses cruautés et par un orgueil insupportable ; aussi, malgré la crise violente où étoit l’Égypte, Nedjm-Eddin fut peu regretté de ses peuples ; ses ministres, ses courtisans et ses domestiques se réjouirent de la mort d’un prince devant lequel ils trembloient continuellement pour leur vie.

La sultane Chegeret-Eddur gouverna l’état jusqu’à l’arrivée de Touran-Chah, fils de Nedjm-Eddin, qui prit possession du trône au commencement de l’année de l’hégire 648 [1250]. Les premiers momens du règne de ce prince furent d’un heureux présage pour les Musulmans ; le jour qu’il prit le commandement de l’armée, ses troupes remportèrent quelque avantage sur les ennemis.

Les Français étoient campés depuis quelques mois proche Mansoura ; les Égyptiens les harceloient continuellement : tous ces petits combats, joints à la, maladie qui se mit dans l’armée Chrétienne et à la diffi-