jette dans le Nil pour prendre le melon ; alors l’Égyptien qui étoit un fort nageur, l’entraîne et le conduit à son général[1].
Le mercredi 7e jour de la lune de Chewal [mercredi 12 janvier 1250], les Musulmans s’emparèrent d’un gros bateau sur lequel il y avoit cent soldats commandés par un officier de considération. Le jeudi suivant 15e de la même lune, les Français sortirent de leur camp, et toute leur cavalerie s’ébranla : l’on fit défiler des troupes ; il y eut une légère escarmouche, et du côté des Français il resta sur la place quarante cavaliers avec leurs chevaux.
Le vendredi, 14 janvier, l’on conduisit au Caire soixante-sept prisonniers, parmi lesquels il y avoit trois seigneurs distingués. Le jeudi, 22e de la même lune [jeudi 27 du même], un grand bateau des Français prit feu ; ce qui fut regardé comme un heureux présage par les Musulmans.
Des traîtres ayant montré aux Français le gué du canal d’Achmoum[2], quatorze cents cavaliers le traversèrent et tombèrent à l’improviste sur le camp des Musulmans, un mardi 5e jour de la lune de Zilkadé [mardi 8 février 1260] ; ils avoient à leur tête le frère du Roi de France ; l’émir Fakreddin étoit pour lors au bain ; il sortit avec précipitation, et monta sur un cheval sans bride et sans selle, suivi seulement de quelques esclaves : les ennemis l’attaquèrent de tous côtés ; ses esclaves l’abandonnèrent lâchement, et il se