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SUR L’HISTOIRE DE S. LOUYS.

d’une lance non émoussée, lanceœ mucrone, qui prout dehebat non erat hebetatus[1], quoy qu’il se dît innocent, fut néantmoins soupçonné d’avoir usé de trahison en cette occasion ; mais s’il arrivoit que quelqu’un eut blessé, ou tué son adversaire avec les armes ordinaires du tournoy, pourveu qu’il n’eut rien fait contre les loix des tournois, il ne recevoit aucun blâme. Ce qui est remarqué particulièrement par Gregoras en ces termes : ἐπεὶ καὶ τὸν τρώσαντα, ἢ καὶ ἀποκτείνοντα συμβὰν οὕτοσί πως, κᾂν τοῖς ἀγῶσιν ἀμφοτέραις, ἀνέγκλητον εἶναι σφίσι νόμιμον ἦν[2].

Ceux[3] qui estoient commis en cette qualité de juges des tournois mesuroient et examinoient les lances des chevaliers et leurs autres armes, et prenoient garde s’ils n’estoient pas liez à leurs selles, ce qui estoit défendu par les loix des tournois, comme il est exprimé au traité MS. que je viens de citer : « À laquelle entrée se tiennent les susdits deux juges et officiers d’armes de la marche, lesquels ravissent leurs espées, pour savoir si elles sont raisonnables, et aussi le baston s’il est de muison. » Le cry des tournois : « Et lendemain tenir fenestre comme dessus, et après disner à l’heure dessus nommée venir es pleins rens, montez et armez à tout lances mesurées et et muisonnées de lances de muison, et courtois rochefs : c’est asavoir mesurées à la gauge qui y sera commise et ordonnée de messieurs les adventureux, sans estre liez ne attachez. Car se il estoit seu, ne trouvé, jaçoit ce qu’il forjoustast, si perdroit-il sen pris pour la journée : et qui jousteroit de plus

  1. Math. Paris, p. 566
  2. Niceph. Greg. p. 340.
  3. Descrip. Victor. obtent. per Carol. reg. Sicil. to. 5. Hist. Fr. p. 845.