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SUR VILLE-HARDOUIN

douin fut envoyé avec une foible armée pour tenir la campagne : l’Empereur devoit le joindre aussitôt que son frère seroit revenu. Le maréchal, plein d’activité et de prudence, s’avança avec précaution, recueillit les fuyards qui couvroient les routes, les rassura, rétablit l’ordre dans les lieux où il passa, et parvint sans être entamé à trois lieues d’Andrinople, où il attendit l’Empereur dans un poste fortifié.

Ce prince, brûlant d’aller combattre ses ennemis, et honteux de rester dans sa capitale tandis que l’Empire étoit livré à toutes les horreurs de l’insurrection et de la guerre, résolut de partir avant le retour de l’armée d’Asie. Malgré les représentations de ses généraux, il sortit de Constantinople foiblement escorté, et vint joindre Ville-Hardouin. Le vieux doge, qui s’étoit opposé de toutes ses forces à cette résolution imprudente, voulut le suivre. L’Empereur, arrivé au camp, résista encore aux conseils de ses généraux, qui le conjuroient d’attendre les renforts que son frère devoit bientôt lui amener. En campagne, l’inaction lui pesoit encore plus qu’à Constantinople. Emporté par cette ardeur téméraire, il conduisit son armée vers Andrinople, sans avoir aucune des machines nécessaires pour un siége, et sans s’être occupé de pourvoir à la subsistance de ses soldats. Les étendards de Bulgarie flottoient sur les murs de cette ville, très-bien fortifiée, et défendue par les Grecs révoltés. Les attaques furent vives, et la défense opiniâtre ; mais le roi des Bulgares étant venu avec son armée au secours de la place, il fallut en abandonner le siége. Alors les Français se trouvèrent dans la situation la plus pénible : manquant de vivres, har-