Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
SUR VILLE-HARDOUIN

fondé de grandes espérances sur ce commencement de guerre civile.

Tout parut se pacifier dans le voisinage de la capitale, dans la Thrace, et dans le pays de Thessalonique, qui fut érigé en royaume. Montferrat éprouva d’autant moins de difficulté à soumettre ses nouveaux États, que plusieurs Grecs se rallioient à lui dans la croyance, dont il ne cherchoit pas à détruire l’illusion, que le trône impérial seroit un jour donné au jeune Michel, fils de son épouse. Les routes devinrent sûres, et l’on put voyager sans escorte de Thessalonique à Constantinople. Trop heureux les Français s’ils n’eussent pas abusé de la victoire !

Murtzuphle, couvert d’opprobre, presque abandonné, avoit erré pendant quelque temps aux environs de la capitale, où il s’étoit fait conduire afin de passer le détroit, et de se réfugier auprès de Théodore Lascaris, dont il espéroit quelque pitié. Dans ce passage, qui étoit alors très-surveillé, il fut arrêté par le grand-Sénéchal Thierry de Los, et amené à l’empereur Baudouin. Sa lâcheté et ses crimes ayant attiré sur lui la haine générale, les Français et les Grecs s’unirent pour demander son supplice. On voulut qu’il fût aussi public que honteux, et l’on décida qu’il éprouveroit, en mourant, le même traitement qu’il avoit infligé au corps inanimé du jeune Alexis, c’est-à-dire que ses os seroient brisés. Une superbe colonne s’élevoit dans un marché très-fréquenté : Murtzuphle en fut précipité.

Par un hasard que Baudouin regarda comme très-heureux, l’usurpateur Alexis fut arrêté presque à la même époque. En fuyant de Messynople, il s’étoit