Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
NOTICE

surpateur Alexis, reconnu à Messynople, conservoit encore des partisans ; et Murtzuphle, qui avant de quitter Constantinople avoit épousé précipitamment sa fille Eudocie, vouloit faire cause commune avec lui, sans apercevoir qu’il avoit tout à craindre d’un homme qui le regardoit comme son rival le plus dangereux. Ces deux prétendans étoient les plus foibles parmi les ennemis des Français, et ceux qu’ils considéroient cependant comme les plus redoutables.

Le premier acte d’hostilité fut fait par Murtzuphle, qui, s’étant emparé à l’improviste de Tzurulum, ville échue en partage à l’empereur Baudouin, la pilla et la saccagea. Aussitôt Baudouin résolut de marcher contre lui ; cependant quelques affaires le retenant encore à Constantinople, il se fit précéder par son frère, le prince Henri, qui parvint à Andrinople après avoir soumis tout le pays qui se trouvoit sur son passage.

Murtzuphle n’osa l’attendre, et prit la résolution de se retirer à Messynople près d’Alexis, son beau-père, qui reçut ses envoyés avec toutes les apparences de l’amitié. Témoignant la plus grande joie de revoir Euphrosyne et ses deux filles, il remercia son rival, comme s’il l’eût reconnu pour leur libérateur. Très-satisfait de cet accueil, Murtzuphle n’eut plus aucune défiance : jusqu’alors il n’avoit osé entrer dans la ville, et s’étoit tenu dans son camp ; les invitations réitérées d’Alexis le déterminèrent à venir le voir. Il fut reçu dans Messynople avec tous les honneurs dus à son rang ; mais à peine eut-il franchi le seuil de la salle où le festin étoit préparé, qu’il fut entouré, désarmé, renversé, et que des bourreaux tout