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NOTICE

apparente de la part des Grecs. Camatère, ancien patriarche, s’étoit réfugié à Didymotique, et avoit reconnu pour Empereur Théodore Lascaris ; son clergé étoit dispersé, et les ecclésiastiques latins occupoient toutes les églises. Le choix des Vénitiens tomba sur Thomas Morosini, simple sous-diacre, employé jusqu’alors dans les affaires de la République, et distingué par sa piété et son courage. Il prit rapidement les ordres qui lui manquoient, et quoique la cour de Rome trouvât quelques irrégularités dans son élection, le Pape lui accorda dans la suite l’institution canonique.

Lorsque tous ces arrangemens furent faits, l’Empereur écrivit au Pape et à tous les princes chrétiens. En leur rendant compte de la conquête, il demandoit leur assistance. Il montroit au Pape l’avantage que la religion alloit tirer de l’abolition du schisme, et la facilité que l’occupation de Constantinople donneroit pour les croisades futures. Il représentoit au roi de France la gloire et l’utilité que ce royaume pouvoit tirer de la possession de l’Empire d’Orient, conquis par la valeur de ses chevaliers, et gouverné par un de ses grands vassaux. Il prioit tous les princes de favoriser les progrès de la nouvelle colonie, en déterminant leurs sujets les plus braves à y prendre des établissemens.

L’Empereur sentoit en même temps la nécessité de se rapprocher des Grecs, et de les attacher à son gouvernement ; mais l’avidité et l’ambition des principaux seigneurs auxquels il devoit le trône, et dont la puissance étoit égale à la sienne, l’empêchoient d’exécuter cette résolution, qui pouvoit seule l’affermir.