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NOTICE

filles, Anne et Eudocie, furent tirées de leur prison pour tenir la Cour du nouveau prince, qui devint sur-le-champ aussi brillante que celle d’Isaac et d’Alexis. Ce fut dans les premières réunions de cette Cour que les charmes des deux jeunes princesses frappèrent les regards de deux seigneurs qui devoient par la suite jouer un grand rôle dans les révolutions de leur pays. Théodore Lascaris montra de l’amour pour la princesse Anne, et Léon Sgure pour Eudocie. Leur mère favorisa ce double penchant, espérant en tirer parti pour son ambition. C’étoit ainsi qu’au milieu des révolutions les plus extraordinaires, des périls les plus imminens, à la veille du plus exécrable attentat, cette Cour, livrée à la mollesse comme dans les temps les plus calmes, ne s’occupoit que de galanteries et de plaisirs. Les deux Impératrices, qu’on avoit vues briller à la cour d’Alexis, rentrèrent dans l’obscurité. Marguerite de Hongrie, jeune épouse d’Isaac, nourrissant depuis long-temps une passion secrète pour le marquis de Montferrat, qu’elle regardait comme son chevalier, désiroit vivement que les Croisés s’emparassent de l’Empire. Agnès de France, sœur de Philippe-Auguste et veuve d’Andronic, encore à la fleur de l’âge, formoit les mêmes vœux, parce qu’elle étoit éprise d’un seigneur grec très-attaché aux Français, et que nous verrons figurer d’une manière éclatante dans la nouvelle révolution qui se prépare.

Cependant les portes de la ville étoient fermées, et les Croisés n’avoient aucune nouvelle de ce qui s’étoit passé. Murtzuphle, craignant leur attachement pour Alexis, résolut de se défaire de ce malheureux prince. Deux fois il tenta de le faire périr par le