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NOTICE

sente que les Croisés sont à leurs portes, et qu’ils ne souffriront pas qu’on détruise leur ouvrage ; il leur montre tous les dangers d’une révolution qui peut entraîner la ruine entière de l’État. Vains efforts ! Murtzuphle, qui ne se déclaroit pas encore, disposoit du peuple au gré de son ambition.

La foule inondoit les nefs de Sainte-Sophie, et offroit l’Empire à qui voudroit s’en emparer. Plusieurs candidats étoient désignés ; mais, dans les circonstances horribles où l’on se trouvoit, aucun n’osoit occuper un poste si périlleux ; enfin un jeune présomptueux, nommé Nicolas Canabe, mit sur sa tête la couronne de Constantin, et ce fantôme d’empereur, dont le règne ne devoit être que d’un jour, servit admirablement les desseins de Murtzuphle.

Alexis, consterné et n’étant plus maître que de son palais, fait une dernière tentative auprès des Croisés, et en charge encore Murtzuphle. C’est auprès du marquis de Montferrat, sur l’amitié duquel il compte, qu’il l’envoie. Il lui donne l’ordre de supplier ce prince d’entrer secrètement à Constantinople, et de se mettre à la tête des varangues. Un général si renommé lui paroît suffire seul pour le sauver. Le peuple, instruit de cette nouvelle démarche, redouble de rage, et demande hautement la mort d’Alexis. C’étoit ce qu’attendoit Murtzuphle pour consommer son crime.

Pendant qu’Alexis fondoit encore quelque espoir sur le résultat de cette nouvelle négociation, et qu’il comptoit que Montferrat, à la tête de sa garde, lui rendroit le trône, cette garde, sa dernière ressource, avoit cessé d’être à lui. L’eunuque Constantin, grand