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décadence

Grecs, revenoit en effet dévoré des plus cruelles inquiétudes. Les soldats, ayant appris en arrivant ce qui s’étoit passé, brûloient de rentrer dans la ville : il n’étoit plus temps. Alors un Grec, attaché à Baudouin rend un parti désespéré mais qui pouvoit seul sauver les Français du massacre. Il leur adresse, au nom de l’Empereur, l’ordre de courir au rivage, sans rien emporter qui puisse les embarrasser en même temps il fait mettre le feu à divers quartiers tant pour occuper l’ennemi que pour forcer les Français à sortir de leurs maisons. L’incendie consomme la désolation de cette malheureuse ville. De tous côtés les vaincus se portent sur le bord de la mer, et conjurent le commandant de la flotte de les recevoir. Plusieurs cependant n’ont encore pu quitter leur quartier. Dans cet affreux désordre on s’adresse au César, et l’on obtient de sa foiblesse, plutôt que de son humanité, qu’il laissera sortir les fugitifs. On voit une foule de femmes, d’enfans, de vieillards, passer au milieu des soldats grecs, essuyer leurs insultes et leurs menaces, et, dépouillés de tout, marcher tristement vers la flotte qui devoit les porter loin d’un pays qu’ils avoient regardé comme leur patrie.

Cette flotte, composée de trente galères et de quelques vaisseaux de guerre siciliens, n’avoit pas assez de vivres pour une si grande multitude : elle cingla vers l’île de Négrepont où devoit se rendre Baudouin, et plusieurs de ces malheureux fugitifs moururent de faim dans la traversée. Cette grande catastrophe arriva le 25 juillet 1261.

Michel Paléologue, qui étoit à Nymphée, ne voulut pas d’abord ajouter foi aux bruits qui se répandoient