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de l’empire latin.

que le moment où ils passeroient sous le joug des Grecs, dont la puissance s’augmentoit chaque jour. Baudouin, après avoir fait tant de voyages et sollicité tant de secours, n’avoit plus ni troupes ni argent. La situation de sa capitale étoit digne de pitié. On continuoit d’enlever le plomb qui couvroit les églises, pour en faire l’unique monnoie dont on pût disposer. Le bois manquoit : on se mit à démolir les maisons abandonnées, et l’on en brûla les charpentes. Constantinople, dont les principaux habitans s’étoient sauvés en Asie, offroit l’image d’un camp entouré de tous côtés par une armée ennemie. Baudouin, n’ayant plus rien à vendre, engagea aux Vénitiens son fils unique Philippe, héritier présomptif de sa couronne, et n’obtint qu’une somme modique. Ce jeune et malheureux prince fut conduit à Venise, et n’eut pas du moins la douleur de voir la catastrophe qui renversa le trône de son père.

Quelque temps après ce marché honteux, Paléologue passa dans la Thrace avec une armée, et fit une tentative sur Constantinople, où il croyoit faussement avoir des intelligences. Son armée manquant de vivres, il fut obligé de se retirer. Baudouin lui demanda vainement la paix ; il n’accorda qu’une trève d’un an.

Paléologue étoit toujours en guerre avec Michel, despote d’Épire ; mais les hostilités avoient été suspendues par la tentative faite sur Constantinople. Il envoya, au printemps de 1261, une armée pour le soumettre, et le commandement en fut confié à Stratégopule, honoré du titre de César. Les instructions de ce général lui prescrivoient de s’approcher de la capitale, d’en examiner les fortifications, d’observer les