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décadence

cesse, qui tenta vainement de fléchir le vainqueur. Celui-ci lui promit d’épargner les habitans, et la renvoya presque sans escorte à son époux. Ce fut, pendant tout le cours de cette longue guerre, le seul Français qui trahit son devoir par lâcheté : il paroît qu’il avoit pris les mœurs efféminées de la famille dans laquelle il étoit entré.

Lorsque saint Louis partit pour l’Égypte [1248], Baudouin revint dans sa capitale aussi pauvre et aussi malheureux que lorsqu’il l’avoit quittée. Sa présence ne ranima point le courage des Français : tant d’espérances déçues les avoient habitués à ne plus compter sur ses promesses. Quelques mois après, les besoins augmentant, il fit partir pour la France son épouse Marie, fille de Jean de Brienne, avec pouvoir de vendre tous les biens qui leur restoient. Les Vénitiens seuls lui procuroient de temps en temps quelques secours, et portoient des subsistances dans la ville.

En 1251, Baudouin fit un troisième voyage en Italie et en France, aussi inutile que les premiers, et dont l’histoire n’a pas même daigné nous conserver les détails. Philippe de Toucy, petit-fils d’Agnès de France, fut chargé de la régence ; et dans la position terrible où l’Empire se trouvoit il courut implorer la protection de saint Louis, qui étoit alors à Césarée. Le Roi le reçut comme un parent malheureux : Joinville et les seigneurs français lui témoignèrent le plus vif intérêt ; mais il ne put obtenir que quelques foibles secours d’hommes et d’argent.

Constantinople, privée de la présence de l’Empereur, et n’ayant presque plus aucun moyen de défense, alloit tomber au pouvoir de Vatace si la mort