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de l’empire latin.

tenta d’envahir son pays avec une armée considérable, renforcée depuis peu par des troupes allemandes que lui avoit envoyées Frédéric ii pour faire la guerre à Jean de Brienne ; mais Asan, quoiqu’il ne prévît pas cette trahison, étoit en état de lui résister. Il venoit de recevoir un renfort de Comains, et il attendit son ennemi sur les bords de l’Hèbre. Là fut livrée une bataille où la perfidie du prince grec reçut un juste châtiment : le roi des Bulgares obtint une victoire complète, Théodore et ses généraux furent faits prisonniers, et l’armée, entourée de tous côtés, mit bas les armes. [Avril 1230.] On s’attendoit à une vengeance terrible ; mais Asan, moins cruel et plus politique que Johannice, ne retint que les chefs, et renvoya les soldats sans rançon. Cette clémence rassura les Grecs, qui redoutoient les plus effroyables malheurs ; ils ouvrirent au vainqueur les portes d’Andrinople, de Didymotique et de Serres. Le Roi, chargé des dépouilles de celui qu’il avoit cru son allié, et couvert de gloire, quoique le premier objet de la guerre n’eût pas été rempli, retourna dans ses États, emmenant dans les prisons de Ternove, si fatales à ceux qu’on y renfermoit, Théodore d’Épire, qui se faisoit toujours appeler empereur d’Orient. Quelque temps après, ce prince, plein de ruse et d’adresse, essaya de s’échapper. Surpris au moment où il sortoit de la ville, il fut plongé dans un cachot, et on lui brûla les yeux.

Manuel son frère, qui, dans le désordre de la dernière bataille, avoit pu se soustraire aux poursuites des vainqueurs, revint à Thessalonique au milieu de mille dangers. Cet État, n’ayant perdu qu’une partie