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décadence

des apanages considérables, soit en Europe, soit en Asie. Ainsi les seigneurs qui défendoient encore les débris de l’Empire latin mettoient toutes leurs espérances dans un enfant de onze ans et dans un vieillard de quatre-vingts. [Avril 1229.]

Brienne fit, comme ses deux prédécesseurs, de grands préparatifs pour aller occuper le trône auquel il étoit appelé, et ne put se rendre à Constantinople que deux ans après son élection. Voyons ce qui s’y passoit en son absence.

Les seigneurs avoient retiré la régence des mains d’Anseau de Cahieu, et l’avoient confiée à Narjot de Toucy, époux de la fille de Branas et d’Agnès de France, que nous avons vus, dans la première partie de notre travail, cimenter la paix entre les Français et les Grecs. Ils espéroient que ce seigneur seroit également agréable aux deux nations, et maintiendroit entre elles l’union sans laquelle l’Empire devoit bientôt périr. Leur espoir ne fut pas trompé, et, par un bonheur imprévu, la division se mit bientôt parmi leurs plus redoutables ennemis.

Asan, roi des Bulgares, avec qui les Français avoient négocié pour la tutèle du jeune empereur Baudouin, témoigna beaucoup d’humeur de la préférence obtenue par Jean de Brienne. Aussi ambitieux que ses prédécesseurs, il fit une étroite alliance avec Théodore d’Épire, pour anéantir l’Empire latin et en faire le partage. L’alliance entre ces deux princes fut cimentée par le mariage de Marie, fille d’Asan, avec Manuel, frère de Théodore. Mais cette alliance fut bientôt rompue par la perfidie ordinaire du prince grec. Il abusa de la confiance du roi des Bulgares, et