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décadence

prince français qui sembloit posséder toutes les qualités nécessaires pour soutenir un empire chancelant. C’étoit Jean de Brienne, comte de la Marche, et roi titulaire de Jérusalem : sa vie avoit été aussi glorieuse que singulière ; l’idée qu’on va en donner suffira pour justifier le choix dont il fut honoré.

Cadet de famille, il fut destiné à l’Église par son père Érard, comte de Brienne et de la Marche : mais ses goûts l’entraînant vers la carrière des armes, il s’échappa du château de sa famille, et se réfugia dans le couvent de Clairvaux, où il fut bien reçu par l’abbé Jean de Brienne, son oncle et son parrain, qui loua cette noble ardeur, et lui promit de ne pas laisser long-temps oisif son jeune courage. Simon de Châteauvilain, son proche parent, passant un jour près du monastère, le rencontra dans la forêt, et fut frappé de l’air martial de cet enfant. Il le prit avec lui du consentement de l’abbé, fut très-satisfait de ses heureuses dispositions, le conduisit à plusieurs tournois, et, après lui avoir fait subir toutes les épreuves, l’arma chevalier. Le jeune homme chercha vainement à fléchir son père : il ne reçut jamais de lui aucun secours. Ses exploits l’avoient déjà rendu fameux, lorsqu’il prit la croix avec les conquérans de Constantinople ; mais son frère Gauthier, comte de Brienne, ayant été appelé au trône de, Sicile, il abandonna les Croisés pour le suivre à Naples. Il le servit bien, et après sa mort il fut chargé de la tutèle de ses enfans.

Alors la grande réputation de Jean de Brienne fixa sur lui l’attention des barons de Jérusalem. Ayant perdu leur roi Amaulry, ils lui offrirent avec ce royaume, qui