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de l’empire latin.

reux. Les charmes de cette demoiselle frappèrent l’Empereur, qui, dans l’oisiveté d’une vie indolente ouvroit son cœur à toutes les passions voluptueuses. Il entretint un commerce secret avec la fille et la mère, séduisit l’une, éblouit l’autre, et bientôt elles vinrent habiter le palais ; alors il ne se contraignit plus : la favorite eut tout le pouvoir d’une épouse sans en avoir le nom ; et cette sorte de foiblesse, qu’on ne pardonne qu’aux grands princes, rendit Robert l’objet du mépris général. Le seigneur à qui l’on avoit enlevé une femme dont il étoit épris conçut d’horribles projets de vengeance. Il assembla ses parens et ses amis, et trouva, dans le mécontentement qu’inspiroit la conduite de l’Empereur, tous les moyens d’assouvir la fureur dont il étoit dévoré. Les seigneurs les plus modérés et les plus vertueux étoient indignés des procédés de Robert envers Eudocie, qui, destinée à devenir le gage de la paix, se voyoit abandonnée et dédaignée par celui dont elle étoit venue partager le trône. S’ils n’étoient pas capables d’être complices des conjurés, ils étoient portés à ne mettre aucun obstacle à leurs desseins. Enfin cet affreux complot éclate pendant la nuit : une troupe furieuse, à la tête de laquelle marchoit le seigneur outragé, attaque le palais, en force les portes, pénètre dans les appartemens, surprend dans leurs lits la maîtresse de l’Empereur et son indigne mère, et les entraîne vers le port. Leur rage n’est contenue ni par la foiblesse ni par la beauté ; ils mutilent horriblement la jeune favorite, en lui coupant le nez et les lèvres, et précipitent sa mère dans le Bosphore. Pendant ce tumulte, l’Empereur n’avoit pas même pensé à défendre une