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décadence

une armée nombreuse, espéroit reprendre le royaume de Thessalonique, et marcher ensuite au secours de Robert. Démétrius et Guillaume partirent en effet, après avoir laissé à Rome Marguerite de Hongrie ; mais à peine étoient-ils arrivés dans la Grèce, qu’une mort prématurée enleva Guillaume qui étoit l’ame de l’entreprise. Le foible Démétrius ne put exécuter les projets formés par son généreux frère ; l’armée, qui n’avoit aucune confiance en lui, se dispersa ; il revint presque seul en Italie près de sa mère, et il termina tristement ses jours cinq ans après dans la ville de Melfi. Cette expédition, quoiqu’elle n’eût pas réussi, donna de longues inquiétudes à Théodore d’Épire ; qui, craignant que d’autres secours n’arrivassent, laissa respirer Constantinople.

À cette époque [1225] où l’Empire latin paroissoit près de sa ruine, et se bornoit presque aux murs et aux environs de cette capitale, on crut pendant quelque temps en Europe que Baudouin, qui l’avoit fondé, vivoit encore, qu’il s’étoit échappé des prisons de Ternove, et qu’il venoit réclamer son comté de Flandre, appartenant alors à Jeanne sa fille. Cette imposture fit beaucoup de bruit, et fournit en France un grand aliment à la curiosité publique. Dans ce siècle d’expéditions lointaines, les aventures les plus extraordinaires n’étonnoient point, et il n’étoit pas rare que des hommes, crus morts depuis long-temps, reparussent tout-à-coup dans leurs familles, quelquefois au grand déplaisir de ceux dont ils auroient dû attendre le plus d’amour.

Un hermite de la figure la plus noble vivoit retiré dans la forêt de Glançon près de Mortain. Son exis-