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décadence

Conon de Béthune, promener longuement dans l’Europe la pompe d’un empereur d’Orient.

Il ne partit que plus de quinze mois après la mort de Pierre et fut deux ans en route. Il n’alla point à Rome, ne témoigna aucun désir d’être couronné par le Pape ; mais il fit par terre ce long voyage qu’une révolution récemment arrivée dans le royaume des Bulgares rendoit moins dangereux. Phrorilas, qui, comme nous l’avons vu, avoit succédé au meurtrier de Baudouin, venoit d’être détrôné par Jean Asan, prince de la famille royale, qui l’avoit tenu assiégé dans Ternove pendant sept ans, et, qui, l’ayant pris, lui avoit fait brûler les eux. Le roi de Hongrie beau-frère de Robert avoit fait alliance avec le nouveau Roi, et lui avoit donné sa fille. La paix qui résulta de cette alliance permit à l’Empereur de traverser avec sécurité les États de ces deux princes.

Arrivé en Hongrie au commencement de 1219, Robert s’y arrêta long-temps. On lui rendit tous les honneurs qu’il pouvoit désirer : il y eut des fêtes, des tournois ; et ce prince ne fit paroître aucun empressement d’aller occuper un trône où ses sujets l’appeloient depuis si long-temps. Il partit enfin pour Constantinople en 1221 ; et, après avoir traversé sans accident les terres des Bulgares, il arriva dans sa capitale le 25 mars de cette année. Malgré ses longs retards, il fut accueilli avec joie par les seigneurs, et son couronnement dans Sainte-Sophie fut fait avec la plus grande pompe.

Le patriarche qui le couronna étoit un Vénitien ; ancien évêque d’Esquilio, créature d’Innocent iii.