Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/479

Cette page a été validée par deux contributeurs.
461
de l’empire latin.

dans l’espoir d’acquérir des principautés plus considérables que leurs fiefs : leur absence lui parut devoir concourir à l’accroissement de la puissance royale, et assurer le repos du reste de son règne.

L’Empereur, avec les sommes qu’il s’étoit procurées, mit sur pied une petite armée de cinq mille cinq cents hommes choisis : cent soixante chevaliers et plusieurs seigneurs se joignirent à lui. Il fixa son départ à la fin de l’année 1216, et prit la résolution de laisser à Namur ses deux fils Philippe et Robert. Cette dernière résolution devoit beaucoup nuire, tant à l’affermissement de la nouvelle dynastie, qu’au bien général de l’Empire. Comment en effet Pierre, après avoir tout sacrifié au désir d’occuper un trône éloigné, laissoit-il au fond de la France les deux héritiers présomptifs de sa couronne, qu’il auroit fallu au contraire habituer de bonne heure à des mœurs qui, jusque-là, leur avoient été étrangères, et montrer au peuple sur lequel ils devoient régner un jour ? Sa femme et quatre de ses filles le suivirent ; et cette famille, accompagnée du plus brillant cortège, arriva en Italie au commencement de janvier 1217.

Les délices de ce pays, beaucoup plus policé que le reste de l’Europe, y retinrent l’Empereur trop longtemps. Sans songer combien sa présence étoit nécessaire à Constantinople, il s’amusoit à recevoir les hommages et les fêtes qu’on lui prodiguoit dans toutes les villes. Une vaine représentation étoit à ses yeux le plus bel attribut du rang suprême. Il séjourna plus d’un mois à Bologne, où la famille des Lambertini lui procura toutes les jouissances dont il étoit avide : enfin il vint à Rome ; et, voulant donner à cette ancienne