Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/478

Cette page a été validée par deux contributeurs.
460
décadence

Honorius III, successeur d’Innocent III : ce pontife, fondant beaucoup d’espérances sur une expédition qui cependant n’eut aucun résultat, fut d’avis que le Roi devoit sacrifier l’agrandissement de sa famille, et le conjura de ne pas manquer à ses sermens. André, peu ambitieux, rejeta les offres des seigneurs français.

Alors leurs vues se tournèrent du côté de Pierre de Courtenay, auquel ils avoient d’abord pensé. Ils lui envoyèrent une ambassade solennelle qu’il reçut à Namur, lieu ordinaire de sa résidence. Le comte d’Auxerre, et sa nombreuse famille, furent éblouis de la carrière brillante qui s’ouvroit devant eux. La comtesse surtout, digne sœur des empereurs Baudouin et Henri, continuellement occupée depuis plusieurs années du récit de leurs exploits, de leurs malheurs et de leur gloire, se crut digne de leur succéder, reçut avec orgueil le titre d’impératrice, ne pensant pas qu’elle se préparoit, ainsi qu’à ses enfans, une longue suite d’infortunes, et que cette élévation si désirée causeroit la ruine entière de sa maison.

Pierre, ayant accepté l’empire, voulut partir avec l’éclat que sembloit exiger sa dignité. Les ambassadeurs ne lui avoient apporté que des hommages : il manquoit d’argent ; et il commença par se ruiner pour poser les fondemens de sa nouvelle fortune. Henri, comte de Nevers, un de ses gendres, étoit en état de lui procurer les fonds nécessaires : il lui engagea le comté de Tonnerre et la seigneurie de Crusy, stipulant que, s’il mouroit dans l’espace de dix ans, ces deux domaines resteroient au comte. Philippe-Auguste sembla voir avec plaisir l’élévation d’un de ses premiers vassaux : il prévit que plusieurs seigneurs le suivroient,